Il existe une ville fabuleuse. Une ville où les gens sont beaux, intelligents, sensibles et polis. Une ville où tout est soit noir, soit blanc, sans nuances. C'est la ville des publicitaires, ces gens dont le boulot est de nous donner envie, quel qu'en soit le prix à payer.

Combien d'entre nous ont déjà succombé à leurs travaux ? Qui n'est pas déjà tombé en arrêt devant une publicité bien tournée, drôle ou émouvante ?

On se souvient tous de la pub d'Orange qui comparait deux interprétations d'un même mot ( pour ceux qui ont réussi à louper ça, c'est ici. ). Très belle pub, émouvante et tout ce que vous voulez, ok. Mais, finalement, c'était quoi le but de cette pub ? Nous faire comprendre que le mot orange pouvait désigner plusieurs choses ? Un fruit, une couleur et une marque, GENIAL !! Sûr qu'à Bouygues ils ont dû tirer la gueule. Mais à part ça je vois pas, parce que niveau argumentation, présentation de l'offre c'est un bon gros zéro pour une publicité qui a quand même coûté un peu d'argent entre le concept à trouver, la réalisation et la diffusion. Alors si Orange veut attirer le client, ils feraient mieux de consacrer cet argent à la baisse des tarifs ou au développement de l'offre plutôt que de nous abreuver de jolies images. Pour ça il y a Megaupload ...

Dernièrement c'est le Crédit Agricole qui a voulu taper dans le même registre en lançant une campagne de pub "le bon sens a de l'avenir" où l'on peut voir des enfants et des adultes sortir des niaiseries du genre "il faut faire confiance à ses amis", "il faut se soucier du futur", "il faut protéger ceux que l'on aime" et j'en passe. Du coup j'ai pensé leurs proposer d'autres thèmes : "il ne faut pas brûler des chatons avec de l'acide", "il faut éviter de se faire bouffer par un crocodile" ect ... N'hésitez pas à m'en proposer d'autres, toute proposition sérieuse sera étudiée.

Bref, tout ça pour dire que cette publicité ne nous apprend rien (en dehors du fait qu'on nous prend pour des cons mais ça c'était déjà un fait avéré).

Une autre pub qui m'a fait dresser les cheveux sur la tête, c'est la publicité de Coca Cola avec les mignons petits insectes qui ouvrent une bouteille (curieusement, aucune mouche à merde n'a été retenue au casting) et surtout son slogan "accrocheur" : Ouvre un Coca Cola, ouvre du bonheur. Oui, oui, rien que ça. Que ce soit clair, personne ne peut être heureux en ouvrant une bouteille. En la buvant, peut-être (tout dépend du degré d'alcool) mais en l'ouvrant, non ! Ensuite, c'est quoi ce message ridicule ? Pour être heureux, faut boire du Coca ? 2 € la bouteille de Coca, 50 € la séance de psy, sûr que le calcul est vite fait mais je trouve quand même ça un chouïa réducteur et je me demande surtout comment ils ont vérifié ça :

Sujet n°1 : homme, 35 ans, dépressif chronique, 2 tentatives de suicide à son actif ( la 3ème c'est la bonne ) :

« Le monde va mal, on va tous crever et ça sera bien fait pour notre gueule. Je suis une sous-merde et je mérite de mourir juste pour nourrir les vers » (qui a dit caricature ? )

Scientifique ultra diplômé du MIT, de Harvard et du lycée Saint-Exupéry de Nailloux :

« Buvez, sous-merde !!! » ( faut savoir être ferme avec les dépressifs)

Sujet n°1 : homme […] bonne) :

« Slurp »

« Mais quel est ce doux murmure qui chuchote en moi ? Serait-ce le battement d'aile de milliers de papillons de lumière ? Tout n'est que beauté, velours, onctuosité … J'aime la vie et elle m'aime en retour. »

Scientifique [ …] Nailloux :

« Gérard !!! Ça marche !!! On va rendre des milliers de gens heureux de part le monde et on va se faire des coui..es en or, que dis-je, en platine, en diamant !!! »

Bref, si preuves il y a, je suis intéressée.

Maintenant on va parler d'une publicité qui a beaucoup marqué les esprits quand elle est sortie il y a quelques années déjà et qui affirmait qu'on n'utilisait qu'entre 10 et 20 % de notre cerveau. C'est faux. Archi faux. Ultra faux. Bref du grand n'importe quoi. Les publicitaires qui nous ont pondu cette merveille de bon sens se seraient servis (selon mes lointains souvenirs de quand je lisais Sciences et Vie Junior; de la littérature de qualité, donc) des travaux d'un scientifique qui trépanait des rats ( voilà qui doit faire son petit effet dans les dîners mondains ) et qui concluait que si on enlève 80 % du cerveau d'un rat, il arrive quand même à aller chercher la baballe. On notera déjà l'intérêt indubitable de tels travaux et leurs multiples applications dans la vie de tous les jours. Cette technique est d'ailleurs couramment utilisée de nos jours chez les joueurs de foot un peu trop enthousiastes (gare à toi Ribéry … ), même s'il y a parfois de petits accidents comme pour Maradona chez qui ils ont enlevé le centre de la satiété. On voit le résultat...

Revenons à nos cerveaux si vous le voulez bien pour expliquer pourquoi c'est pas possib' que 80 % de notre matière grise fasse du gras :

Le cerveau est un organe qui consomme énormément d'énergie et l'Evolution est une écolo convaincue ( elle vote Europe Ecologie et va prendre d'assaut des baleiniers chinois avec Greenpeace tous les week-end ) alors le gaspillage d'énergie c'est Niet !
L'être humain arrive au monde complètement démuni et sans défenses comparé à d'autres espèces animales (chevaux, vaches …) qui, elles, sont capables de courir quelques heures après leur naissance. Ça s'explique d'abord par le fait qu'on est en haut de la chaîne alimentaire et donc rarement obligés de fuir le danger ( sauf si on a oublié son .9mm mais, dans ce cas là, on mérite de mourir, sélection naturelle oblige ) mais aussi par le fait que si on marinait plus longtemps dans le ventre de notre mère, on ne pourrait plus sortir à cause de la taille de notre cerveau.

Et pour bien d'autres raisons qui sont listées ici, ma flemmardise pathologique m'empêchant de développer.

Alors, me direz-vous, que faire face à ces publicités intrusives, abrutissantes, mensongères et/ou inutiles ( rayer les mentions inutiles ) ? Eh bien, partez toujours du principe que les entreprises qui ont les moyens de faire les annonces les plus originales, les plus régulières, bref les plus chères sont celles qui arrivent à dégager une marge suffisante pour les payer, que ce soit sur le dos de ses employés ou de ses clients, voire des deux. Alors si, nous, les consommateurs finals, on a un pouvoir (que l'on paye très cher via la TVA) c'est bien celui du choix. Utilisons-le pour faire comprendre que la publicité ne fait pas tout et que la compétitivité se joue ailleurs que dans le ¼ d'heure entre deux épisodes des Experts.

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